never be alone + serën&tala

Cris qui résonnent. Voix lourde qui ricochent sur les murs de votre chambre. Millionième disputes. Dur. Mauvais. Vos voix qui portent. Qui s’envolent. Heurtent les quatre murs qui vous entourent. Aucuns des deux ne cèdent. Jamais. La raison. Tu l’ignores. Comme toujours. Cela part et c’est tout. Il sait même pas encore que t’attends un bébé. Qu’est-ce que cela sera quand il l’apprendra. Tu oses à peine l’imaginer. Ou peut-être te surprendra-t-il ? T’en sais rien. Un mot de trop. Un p’tit mot de trop. Lâcher sans le vouloir. Perte de contrôle. Claque qui part. Hurlement. Haine. Haine au milieu d’amour. Amour violent. Trop violent. Ta main sur ta joue. T’lui crache ta haine à la figure. Ange. Il n’en a que le nom. Tes talons qui se tournent. La porte qui claque. Tu cours. Tu cours sans but précis. T’sais même pas quelle heure il est. Nuit. Jour. Nuit. Il fait nuit. Vision brouillée. Brouillée par ses perles salées qui se battent pour faire leur grand saut. T’finis par arriver à la plage. Tu te laisses glisser tout contre un muret. Ton téléphone en main. Un sms. Envoyé. Serën. Pourquoi lui. T’savais pas au fond. Quelques jours que vous aviez discutés tous les deux. Où il avait réussi à toucher ton p’tit cœur. Surprenant. Agréable. Bon conseil qui avait atteint tes oreilles. Comme une évidence que ce soir c’est lui que t’veux à tes côtés. Nausée qui arrive. Quelques pas. Et tu vides ton estomac vide. Peur. Stress. Violence. Tes larmes qui continuent à couler. Encore et encore. Les effaçant les unes après les autres. Joue qui te brûle encore doucement. Tu reprends place plus loin contre ce muret. Tes pieds dans le sable. Tes yeux sur l’infini de l’horizon. Nouveau revers de mains. Pour effacer cette rage qui coulent sur tes joues de poupée. T’sais pas s’il viendra. T’sais pas si tu finiras ta soirée là, ainsi, seule, sur ce sable. Au fond t’espères qu’il viendra. Oui naïvement t’espères.

Cinq ans. Cinq années que t’étais avec Ange. Que tu supportais ses humeurs. Ses crises de folies. Ses cris. Sa jalousie. Et puis sa violence. Sa violence envers toi. Parfois t’avais juste envie de le mettre à la porte. Lui dire de dégager de ta vie. Disparaitre à tout jamais. Mais tous les deux malgré tout. Vous plaisiez dans votre amour violent. Peut-être est-ce la raison qui t’as poussé à te mettre avec Shawn il y a un an. Sa douceur. Sa douceur réconfortante face à la violence d’Ange. T’en savais rien. Aujourd’hui tu ne pouvais plus reculer sur rien. Les jeux étaient faits. T’avais un bébé au milieu. Cette nuit encore le geste de trop. La porte qui claque. Tes larmes qui coulent. Tu te retrouves à la plage. T’aurais pu appeler n’importe lequel de tes amis. Meilleurs amis. Mais t’as appelé Serën. Pourquoi. T’sais pas. Peut-être parce que vous ne vous connaissiez pas encore beaucoup. Quelques jours seulement que t’lui a tout déballé. Parce que ce soir t’avais envie d’avoir une personne comme lui à tes côtés. L’évidence que c’était la personne dont tu avais besoin ce soir. T’sais pas s’il viendra. T’espère naïvement au fond de toi. Les minutes passent. Tes perles salées qui continuent de rouler. T’les effacent peu à peu. Et puis au milieu de ta vue brouillée tu vois cette silhouette arriver vers toi. Cette voix qui résonne. Rien ne va. Ses bras qui t’entourent. Tes bras qui finissent par l’entourer. T’le serre fort contre toi. « serën..serën…pardon, pardon… ». Seul mot que t’arrive à prononcer. T’excuser de l’avoir dérangé. Tu t’accroches à lui. Et puis tu finis par te calmer. Un peu. Un instant. Tu t’écartes de lui de quelques millimètres. Tu poses ton regard océan pleins de larmes dans son regard à lui. Cherchant réconfort. « pardon de t’avoir fait venir ici, si tard… ». Tu t’excuse encore. Tu l’avais peut être dérangé. T’sais pas ce qu’il faisait. Et toi tu l’as possiblement dérangé. Coupé dans ce qu’il faisait. T’savais pas. T’essuies de nouveau les larmes qui persisté à couler.

T’es là. T’as honte de toi. Pauvre gamine que t’étais.  A pleurer l’océan de tes yeux. Les asséchés pour un temps. Comme si ce soir, tout cet océan que t’avais retenue durant tout ce temps, s’échappée d’un coup de tes yeux. Se vidant. Un puit sans fond. Encore et encore. Lui. Lui, peut-être parce que vous vous connaissiez pas encore vraiment. Parce qu’il ne connaissait pas Ange. Ton p’tit ami. Ses bras rassurant autour de toi. Tu t’y laisses aller. Tu te morfonds en excuses. Excuses de l’avoir dérangé. De l’avoir fait venir ici. De te montrer ainsi. De lui infliger ça. Les vagues qui s’éclatent sur les rochers. Comme la main d’Ange se posant sur ta joue quelques instants plus tôt. Quelques gouttes salées rejoignant vos visages. Se mêlant à tes larmes. Brise fraîche qui vous frôle. Sable confortable sous vos fesses. Sa main qui caresse ta chevelure rose. Rassurant. Agréable. Il t’essuie, dans un silence, ton flot de larmes. Il ne dit rien. Mais il est là. Et ça. Ça c’est beaucoup. T’entends ses mots au creux de ton oreille. Son regard qui quitte pas les tiens. Ce sourire qui t’arrive droit au cœur. Cette main dans ton dos. Un petite sourire se dessin enfin sur tes lèvres. T’hausses les épaules. Retrouver doucement ton calme maintenant. Doucement. Tu restes silencieuse un instant. T’acceptes mouchoir et eau. Tu t’essuie le visage avec un mouchoir. Et tu bois tout ce que t’as perdu. Tu murmures un merci. Puis ton regard dans le siens. Voix basse et fatiguée. « excuse-moi…j’suis ridicule ! ». Oui tu l’es ma pauvre fille. P’tit rire qui sort. Nerveux. « euh…hum…je….j’me suis disputé avec mon petit ami…ça nous arrive souvent, peut-être même trop souvent… ». Tes sourcils froncés. Mais ton regard toujours dans le siens. Comme pour y trouver courage et réconfort. « il est violent et …et ce soir quand sa main s’est levée, j’ai juste pensée à ce bébé qui est là en moi j’suis partie… ». Sa main ne s’est pas juste levée. Sa main s’est posée violemment sur toi. Comme trop souvent. Peur au ventre. Ta main qui attrape la sienne. Ton regard toujours dans le sien. Juste sa présence là. Te fais déjà beaucoup de bien.

T’sais même plus l’heure qu’il est. Le temps qu’il fait. T’es juste perdue. T’as Serën auprès de toi et c’est tout ce qui compte pour l’instant. Léger baiser sur le sommet de ton crâne. Souvenir d’enfance. P’tit sourire qui se glisse brièvement sur tes lèvres. Fraternel. Douceur. Il te serre un peu plus contre lui. Là, dans ses bras, t’te sens en sécurité. Réellement. T’lui explique alors. T’lui explique la violence d’Ange. T’l’annonce peut être pas comme t’devrais. Mais t’es pas trop en état de mettre la forme dans cette déclaration. Tu sursautes même à la réaction de Serën. Il semble furibond. Enerver. Par ce que tu viens de lui annoncer. Qui le serait pas d’un côté hein. Qui accepterais qu’une femme se fasse violenter alors qu’en plus elle est enceinte. Tes sourcils qui se froncent légèrement. T’es perdu mais t’es pas idiote pour autant. T’notes sa réaction dans ta tête. Souvenir de violence de sa vie. T’en sais rien. T’notes dans ta tête. Sa proposition est adorable. Mais t’te connais. Demain. Dans deux jours. T’seras de nouveau dans ses bras. Et vous recommencerez. Encore et encore. Cinq ans que cela dure. Cinq années entières. « merci, merci beaucoup, ce soir j’veux bien dormir chez toi ce soir mais, mais demain j’sais que j’serais de nouveau chez moi, c’est comme ça, ça fait cinq ans t’sais, c’est juste que ce soir j’ai réalisé que j’avais ce bébé et qu’il ne le sait toujours pas et j’me suis demandé ce qu’il fera, ce qu’il me fera si je lui apprenait ! ». T’avais peur de ce moment-là. Ce jour-là. Qui s’approchait à grand pas. Car l’évidence était là et ce bébé était là. T’allais grossir. Et il sera obligé de le savoir. Il retire sa veste et la mets sur tes épaules. Inspiration profonde. Expiration. Ton regard qui se pose sur lui. T’devais avoir une de ses têtes. « moi j’sais pas, bébé il a l’air d’aller bien… ». Tu te cales dans les bras de Serën. Rassurant. T’as beau faire ta grosse dure. T’es qu’une p’tite gamine fragile. « merci d’être là, tu vas bien toi ? ». C’est tout toi ça. T’inquiétais quand même et toujours pour l’autre.

Il avait beau être violent. Tu l’aimais. Tu aimais Ange. Tu aimais parfois cet amour violent. Quand toi aussi l’alcool te dictais tes actes. Il avait les gestes. T’avais les mots. T’le cherchais. T’le trouvais. Mais parfois il te cherchait lui et te trouvais tout seul. Violence gratuite. T’avais bien remarqué que Serën avait été en colère face à ta déclaration. Il avait réagis de façon forte et engagé. T’avais noté son comportement. Tu reviendrais dessus. T’en es certaine. Comprendre. T’sais que demain tu le retrouvas Ange. Comme toujours depuis cinq ans. T’sais que demain tes pas te reconduiront vers lui. C’était plus fort que toi. Plus fort que vous. Pourtant tout le monde rêvait de voir Ange partir. Partir loin de toi. T’sais que ce qu’il te demande tu ne pourras le faire. T’ne pourras virer Ange. Oui quelques jours. Au pire quelques semaines. Mais vous reviendrez toujours l’un à l’autre. T’ne sais quoi lui répondre de plus. Tu fermes tes yeux. Inspire. Expire. Tu l’écoutes. Tu l’écoutes attentivement. Son regard te quitte. Pour ce poser sur les vagues. Ces vagues qui s’écrasent sur les rochers. Pâle reflet de ton existence. De ton histoire. Vagues qui s’écrasent. Qui repartent. Tes mots sont doux. Ta voix est calme. « j’ai essayée t’sais, j’ai essayé un nombre de fois inimaginable de me séparer de lui…mais pour une raison que j’ignore on reviens toujours l’un vers l’autre….d’habitude j’arrive assez bien à le maîtriser, à faire que ce soit moins douloureux, moins dur…mais ce soir je n’y suis pas arrivé, c’était trop… ». Un soupir qui s’échappe de tes lèvres. « demain, j’peux lui dire de partir, mais il reviendra dans quelques jours, quelques semaines et je ne saurais pas lui dire non… ». T’ne pourras pas lui dire non. « pardon de t’avoir entraîné là-dedans…de t’avoir ainsi inquiété et énervé…j’avais juste besoin de quelqu’un comme toi à mes côtés ce soir… ». Un baiser qui se pose sur sa joue. Tendre. Fraternel. Comme tu le ferais à ton frère. Comme tu réagirais avec un frère.

Parfois il faut si peu pour créer un lien. Un lien spécial entre deux personnes. Des confidences. De la présence. Et le lien se crée naturellement. Simplement. Comme une évidence. Il attrape une de tes mèches roses qu’il entortille dans son doigt. T’sais très bien qu’Ange n’est pas bon pour toi. Qu’il doit quitter ta vie. Tous ceux qui savent te le disent. Mais tu persistes encore et encore. Parce qu’au fond tu l’aimes malgré tout. Ça te rend folle. Complètement folle. De l’aimer autant que tu peux le détester. Pour tout ce qu’il te fait. Et puis il te confie à son tour. Son père. Son père bat sa mère. Rien qu’à ses mots. T’te sens mal. Mal. Et honteuse. Honteuse. De lui avoir ainsi rappelé de telle chose. T’es vraiment une idiote. Non. Non ce n’était pas ce que tu voulais pour ton bébé. Absolument pas. Tu restes silencieuse. Il te dit que tu ne seras jamais seule quoique tu décides. T’sais. Ta tête qui se pose sur son épaule. Un soupir. Quoi lui dire. Que t’es encore désolé. Désolé de lui rappeler tout cela. De lui infligé cela de nouveau. Que t’es stupide. Idiote. Ce ne sont que des mots. Des excuses qui ne serviront à rien. Et puis brisant le silence. Murmure. « serën ». Une pause. « j’y arriverais, j’arriverais à m’en défaire…me faut juste un peu plus de temps pour…pour trouver le courage de le faire… ». Tu soupires. Toujours sur le même ton. Presque murmuré, comme pour briser le moins possible le silence autour. « ça va aller j’te promet serën…. ». T’sais que cette promesse n’est qu’illusoire. T’ne sais pas. T’ne sais pas si cela va aller ou pas. Mais t’essaye de le rassurer.

T’le sais. Il le sait. Tout ce que t’lui dis. Toutes ses promesses ne sont des illusions de ce que t’aimerais faire. T’sais que t’arrivera pas à t’en défaire. Pas maintenant. Du temps. Beaucoup de temps. Mais combien ? Des jours. Des semaines. Des années entières. T’ne sais pas. Et t’lui promets que tout vas bien aller. C’est faux. T’le sais. Il le sait. D’ailleurs son silence veut tout dire. Ta tête sur son épaule. Délicate. Tu t’en veux. T’te déteste pour ça. Pour ne pas avoir la force de tenir ta promesse. De ne pas avoir la force de faire le ménage dans ta vie. D’être si faible. Il ne peut rien te dire de plus. Comme aucune autre personne C’est plus fort que toi. Plus que vous Plus fort que tout. Le silence qui s’installe. Simplement brisé par les vagues qui s’éclatent sur le sable. Sur les rochers. Les mouettes qui tournent et virevoltent. Un soupir qui sort d’entre tes lèvres. Doucement. Un murmure pour ne pas briser de trop ce silence. « emmène-moi chez toi serën…. ». L’air frais de la plage. La brise délicate qui fait virevolter tes cheveux roses. T’veux rentrer. T’veux rentrer avec lui. T’sais que t’es fatiguée. Mais t’sais que malgré tout. Ce soir t’n’arrivera pas à fermer un œil. T’savais aussi qu’à partir de maintenant. Votre relation ne sera plus jamais la même qu’avant. T’savais que Serën allait prendre une place importante dans ton existence.