apprendre à travailler ensemble (seren&tala)

Ton reflet dans le miroir. Ton reflet. T’avais grossi. Un peu. Assez pour le remarquer. Toi. Pas les autres. T’attendais ce bébé. Il y avait ce gamin qui grandissait en toi. Et toi. Toi t’attendais. T’attendais de prendre cette foutu décision. Décision de le garder ou pas. Humeur massacrante depuis quelques jours. Pensées tourmentées. Tête ailleurs. C’était pas les bons jours pour t’emmerder. Peu était au courant. Et t’voulais le cacher un maximum. Fallait que cela tombe sur toi. Evidemment. Vu te vie sentimental. Ce bébé était un peu de trop. Carrément de trop même. Comment mettre un peu plus le bordel. Enfin. Tu finis de t’habiller. Te changer. Tu relâches ta chevelure rose. Tu quittes la salle de bain. T’embrasse ton p’tit ami. Le potentiel père de ce gamin que t’as sous le nombril. Potentiel, oui. Car y’a deux possibilités. Vie sentimental de merde. Tu l’as dit. Tu quittes le manoir. Et à pied. T’aime marcher. La voiture c’est trop le bazar. T’te rends à ton travail. Barmaïd. Ouep. Tu prépares et sert de l’alcool. Merveilleux pour une futur peut être maman. Rien que le mot maman te donne des frissons. Tu rentres par l’entrée pour le personnel. Tu poses tes affaires. Tu croises alors le regard de ton collègue de travail Serën. Un p’tit sourire se dessine sur tes lèvres. « salut ». Tu lâches ca d’entre tes lèvres. Ta tête qui se secoue pour chasser tes pensées. Pour être à fond dans ton travail.

Déjà que t’avais sale caractère de base. Disons qu’il fallait te connaître. Bien te connaître pour savoir que tu pouvais être un amour de fille. Aussi gamine que des cheveux roses et ton allure d’ado. Au premier abord t’étais une belle louve sauvage inaccessible. Potentiellement froide et piquante. Alors il n’était pas toujours simple de t’apprécier et te comprendre au premier avant de te connaître réellement. T’pouvais être amusante quand t’le voulais. Bref. Donc, oui déjà que de base t’avais le caractère le plus cool au monde. En plus ta vie virait au cauchemar. Un bébé. Non mais sérieux. T’avais un bébé. Là dans ton bide. Et t’savais même qui était le père. Non. Mais sérieux parfois t’étais trop pleine de conneries. Tu les enchaînais ma pauvre fille. Enfin. T’arrivais sur ton lieu de travail. Au fond tu t’y plaisais ici. Même si les offres de Jonathan étaient alléchantes au point d’avoir envie de tout quitter ici. Vu que tu gagneras bien mieux ta vie qu’en servant des ivrognes et des gamins qui veulent juste s’éclater. Mais pour l’instant t’étais là. Encore là derrière ton bar. Et ce soir tu bossais. Tu déposais tes affaires dans ce semblant de vestiaire. Tu saluais ton collègue de travail. Il te saluait aussi. Froid. T’sais pas pourquoi (enfin si t’sais pourquoi), mais il semblait avoir du mal avec toi. Il retire sa veste. Et pars en salle sans dires un mot de plus. Un sourire amusé se pose sur tes lèvres. Alors que tu rejoins la salle à ton tour. Tu passes devant lui en lui donnant un p’tit coup d’épaule (amicale). Ouais t’étais taquine parfois. « t’es prêt à commencer va y avoir du monde ce soir ?! ». Que tu lui dis, sur un ton amusé. Et agaçant.

T’aimais ton travail ici. Malgré tout. T’aimais bosser là. Ça te plaisait de les voir tous là, réclamer leur liquide chaud pour quelques billets. Demander. Commander. Comme si leur vie en dépendait. T’savais de quoi tu parlais. Quand t’étais là. T’étais de l’autre côté. D’être cette ivrogne qui réclame son liquide qui réchauffe les cœurs. Certes t’appréciais plus de bosser dans le studio de Jonathan qu’ici. Mais c’était ton job. Coup d’épaule en arrivant à côté de Serën. Taquine. Soit on aimait ce que tu étais. Soit on t’appréciait guère. Il a ce sourire gêné au coin de ses lèvres. Alors qu’il en semble pas vraiment convaincu par ce qu’il te dit là. Un p’tit ouais. « toujours mon grand, toujours ! ». Les règles social tu l’es connaît pas. Tu vis de tes propres règles. Ce n’est pas forcément affectif. C’est sorti comme ça. T’as pas contrôlé. Tu te mets à rire à sa question. T’en sortir évidemment. Tu plantes ton regard océan sur lui. Amusée. Toujours amusée. Alors qu’il te jauge du regard. « c’est plutôt à toi qu’il faut poser cette question, t’as pas l’air méga motivé et prêt ! ». Tu le cherches. T’es comme ça. Tu te protèges. Au fond t’es un amour de fille. Qui serait prête à l’écouter et être son ami s’il le voulait. Il a juste vu et connu le moment côté de toi.

Tu le vois s’activé à mettre les chaises en place. Alors que toi tu check que tout soit ok niveau stock. Alcool et tout ça. Tu le taquines. Tu le cherches. Tu le piques. Mais il reste de marbre. Tu le cherches sur le fait qu’il n’avait pas l’air motivé. Tu pouffes de rire clairement. Devant son j’adore tellement ironie. « eh ben ça c’est de l’adoration pour son travail dis donc ! ». Ironique aussi hein. Dans la même lancé que lui. T’entends son soupir. Et là tu fronces les sourcils. Cela se voit tant que ça. Sur ton visage. Livre ouvert que t’es. T’as du mal à laisser les émotions à l’intérieur. Tout ce lit. Et même Serën qui te connaît à peine. Arrive à voir tes traits soucieux. Va vraiment falloir que tu bosses sur ça ma grande. T’hausses les épaules. Petit sourire en coin. Tu joues plus. «  ça se voit tant que ça ? ou t’es juste trop fort pour deviner les airs soucieux des gens ? ». Tu connais la réponse. Parfaitement. T’arrête ce que t’es en train de faire. Tu le rejoins. Alors qu’il est toujours à poser les chaises au sol. Et d’un ton tellement naturel. Presque m’en foutiste. Comme si cela n’avait pas son importance. Autant qu’il le sache direct. T’en avait marre de cacher les trucs. Franche. Comme si tout allait parfaitement bien. T’es là assise sur une table. Tes jambes ce balançant. « j’aime deux hommes en même temps, j’suis enceinte et j’ignore qui est le père … voilà voilà ! ouais tout vas bien sinon merci ! ». Cela passait presque comme la blague du siècle. Ton sourire sur tes lèvres. Alors qu’au fond c’était une vraie tempête émotionnelle. Tes pieds qui retouchent le sol. T’attrape une éponge. Et commence à passer un coup sur quelques tables.

Tu lui avais balancé ça comme ça. Comme une mauvaise blague. Le sourire jusqu’aux oreilles. Genre t’connais la dernière blague ? Attends j’te la raconte. C’est l’histoire d’une fille qui aime deux gars. Qu’est enceinte. Et qui sait pas qui est le père. Bah quoi, t’ris pas ? C’est pas drôle ? T’es nul. Ouais la façon dont tu lui as balancé ça, c’était un peu dans ce style. Simple apparence d’un tout vas bien. Qui va pas bien. Faux. Mensonge. Simple barrière. Tempête émotionnelle dans ton p’tit corps. T’sais même pas pourquoi t’lui as dit. Peut-être pour te rattraper du fait que t’es pas cool avec lui. Que t’es parfois même assez mauvaise. Que tu lui balancent des trucs pas gentils parfois. Peut-être pour créer un lien plus amical. Moins professionnel. Qu’il voit que t’es pas juste une emmerdeuse de première. Que t’peux aussi être aussi une personne qui a des émotions. Qui a des raisons d’être exécrable. Tu regardes même pas sa réaction. T’attrape ton éponge pour essuyer les tables. Mais ton geste est vite interrompu. Sa main sur la tienne. Contact surprenant. Ton regard océan qui se pose sur lui. Parle. Il te propose de parler. Vous n’étiez que tous les deux. Il est doux. Il te surprend là. Il est gentil. T’pensais qu’il t’aurais dit un « bien fait pour toi » après ce que t’avais lui dire et faire pour le taquiner et l’emmerder. Il te tire même une chaise pour que tu puisses t’asseoir. T’le contrarie pas tu t’assois. « On s'connaît pas. Mais, tu as envie de parler. » . Peut-être le fait que t’le connaît pas plus que cela. Rendra tout plus facile. Un sourire qui se dessine sur tes lèvres. Triste. Sombre. Ton regard océan qui se pose dans le sien.   « t’me juges pas ? c’est vrai après tout j’viens de te dire que j’ai deux hommes en même temps dans ma vie, infidélité….et ce gamin qui arrive au milieu, comme si c’était pas déjà assez compliqué ! ». Il aurait pu te juger. Te traiter j’sais pas. De fille facile ou dieu sait quoi encore. Mais non, il t’a simplement demandé de t’assoir et d’en parler. « t’peux la poser ta question ! la question qui te traîne dans l’esprit ! ». Cette façon question sur le fait que tu gardes ou pas ce bébé.

T’as tellement l’habitude qu’on puisse juger la situation dans laquelle tu es. Que t’es sur le coup étonné qu’il ne le fasse pas. Et heureuse au fond. Il aurait pu te prendre pour plus folle que tu ne l’es déjà. Pourquoi me jugerait-il ? Justement parce que vous vous connaissez pas. Mais à le regarder. Non ce n’était pas son style. Il avait raison. Il avait des paroles justes. Sur son regard qui ne te quitte pas. Et l’océan de tes yeux qui ne le quitte pas. Non. Cela ne le regarde pas. Et pourtant tu lui en as parlé. Il a pris en considération ce que tu lui as confié. Il aurait pu faire impasse dessus. Ne pas rebondir. Oublier. Le prendre pour une blague. Une blague de plus. T’hausses les épaules. Un rire qui sort d’entre tes lèvres. Tu ris jaune. « nope aucuns des deux mais je vais plus pouvoir le cacher longtemps….pour l’un se sera facile pour l’autre se sera plus….compliqué ». Violent. Oui violent tout simplement. Pas compliqué. Violent. Le souvenir de ses mains sur ton corps. Des bleus qu’il te laisse dans ses excès de colère. Dans vos disputes. Les coups qui partent. Cinq ans. Cinq ans et tu es toujours avec lui. T’attrape son paquet de cigarette. Sans demander son autorisation. T’en attrape une. L’allume. T’en as besoin. Laissant cette meurtrière diffuser son poison en toi. T’es plus toute seule. T’emporte ton bébé avec toi. Mais là. Là honnêtement d’y pense pas vraiment. « honnêtement t’me vois mère ? franchement ! j’bosse dans un bar, je fume, je bois, je fais plus parfois….j’ai même pas une vie stable moi-même qu’est-ce que je peux lui offrir à ce gamin ! ». La misère. C’est tout. Pourtant tu t’es attaché à se fœtus. Au fond t’sais que tu ne pourras pas t’en séparer. Mais si t’hésite toujours.  

T’lui prends une de ses clopes. T’sais que c’est pas bien. T’es enceinte. T’attends un bébé. Mais c’est plus fort que toi. Le lieu est loin d’être prés. L’ouverture n’est pas encore là. Mais vous prenez sur vos heures de travail pour parler de tes malheurs. T’as honte au fond. Ouais t’as honte. Il te propose même de venir chez lui. Et de prendre tes heures. Tu trouves ca tellement adorable. T’as pas été tendre avec lui. Et regarde. Il te propose de prendre tes heures et tout. T’as encore plus honte. Honte de toi. Honte d’avoir été si mauvaise avec lui. T’écoute ce qu’il te dit. Il a pas tords il a même totalement raison. Il est dur. Mais il est vrai. T’feras ce dont t’te sens le plus capable de faire. Et t’penses déjà savoir vers quoi t’vas te diriger. T’écouterais ton cœur. Non tu seras pas seule t’le sais. Tu quittes pas son regard du tient. Comme un soutien dont tu as besoin. Ses mains qui se retrouvent autour de la tienne. Sursaut. Tu t’attendais pas à ce contact. Gênée au début. tu gigotes sur ta chaise. Mais ce contact t’es agréable finalement. « t’es pas dur, t’es réaliste ! t’as des mots juste et c’est à moi de prendre la décision, personne ne peut le faire à ma place… ». Un p’tit sourire apparaît sur ton visage. « merci pour ta proposition c’est gentil, ça ira, j’suis mieux à bosser qu’à rester à potasser entre quatre murs ». Tu retires doucement ta main des siennes. Tu te lèves légèrement. Tes lèvres se posèrent sur sa joue dans un baiser amical tout doux. « t’es adorable, j’ai pas été tendre avec toi, même assez mauvaise et t’es là à vouloir m’aider comme si de rien n’était ! ». Au fond tu lui en es vraiment reconnaissante.  

Il te connaît pas. T’le connais pas. Deux âmes dans ce lieu qui bientôt recevra en son cœur la folie de la jeunesse. Les douleurs noyées dans quelques verres. Accroché à ce liquide qui semble soigner tous les maux.  T’bosses avec lui depuis quelques temps. Juste quelques temps. T’as pas été tendre avec lui. Peut-être cherchais-tu au fond à trouver ses limites. Voir jusqu’où tu pouvais aller avec lui. Le pousser à bout. Et puis d’un coup. T’sais pas ce qu’il t’a pris. T’lui a déballé tes malheurs. Les malheurs de ta vie. Et il a été là. A t’écouter. A te conseiller. Comme il le pouvait. Te rassurer. Honnêteté. Là où il aurait pu se venger. T’envoyais bouler. Il a été là. Les gens peuvent être tellement surprenants parfois. Son regard sur toi. Le tient sur lui. Il a bien parlé. Il avait les mots justes. Très juste. Tu ris après ce qu’il vient de te dire. « si, tu as raison…j’ai juste pas l’habitude…mais comme quoi parfois on peut être surpris par les gens…dans le bon sens ! ». Un sourire sur tes lèvres. T’sais que tu seras plus la même avec lui. T’continueras à le taquiner. Parce que t’es comme ça. Mais ce sera gentillet. Amusée. Pas mesquin et mauvais. « prête m’sieur ! et toi, un peu plus motivé qu’il y a quelques minutes ? ». Soutient mutuel. A présent. Tu l’aides à finir à mettre la salle en place. Avant d’aller finir de ranger correctement tes alcools.